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Politique, cinéma, lettres, photographie, arts plastiques et menues opinions

10 février 2010

Musique de chambre pour Soundiata et les rois de France

Toute musique qui ne monte pas au ciel, est mauvaise ou insincère.

Dans ce corps immense, cette nef de la basilique de Saint-Denis qui cloue les rois de France dans un sommeil de belle pierre et d’émaux, le Wassoulou promène son joyau vocal serti d’un orchestre de musique de chambre emmené par Tunde Jegede. Ce chef d’orchestre discret presqu’inconnu est riche de confluences musicales et culturelles. Il introduit un univers où les métissages et la biographie trouvent un blason dans une interprétation à la kora de cette monstrueuse « Marche funèbre » de Chopin. Dans cette alvéole spatio temporelle, la rencontre entre les musiques classiques européennes et ouest africaines se fait le plus naturellement. C’est comme si l’empereur du Mali, Soundiata Keita et son auguste cour rendaient visite aux grands châtelains Bourbon.

Certains rapprochements ne sont même pas à faire, ces mélodies se contentent de trembler leurs potentiels dans une tectonique des audaces et des sens qui finit par les éclore dans des niches insoupçonnées. Oui, la voix de Oumou Sangaré et le De Profundis drainent le même fleuve de puissance et de trémolos qui consolent ceux qui reste et absout ceux qui partent. Le Gnagnorou qui égayait les rives du Djoliba taquine son homologue violon dans un dialogue serein et altier. La nef, ce thorax ouvert et habité le plus clair du temps par le plain-chant, reçoit le souffle chaud de Kassé Mady Diabaté, héritier de Balla Fasséké le griot du Mali impérial. A la geste immense ainsi transmise, s’accorde le Brodsky Quartet. Sans pli.

Le drapé des basins des divas et des icones chatoient sous les vitraux bigarrés. La voute immense encaisse les charges des fameuses vingt et unes cordes de kora de Toumani Diabataté. Sept pour le passé, sept pour le présent et sept pour le futur. De quoi griser les saints et remplir d’allégresse les angelots mélomanes et espiègles.

 Tounde Jegede concrétise ainsi les rêves mouillés de tous ceux dont les goûts musicaux excèdent les cloisons et classements de bacs à disques. Comme les grands classiques africains sont souvent méconnus, je n’eus pensé entendre cet élégant virtuose Toumani Diabaté dans un orchestre de chambre.

Que la république, faute de mieux, bénisse la basilique de Saint-Denis. Un ex voto laïc que seule la musique et l’acte sexuel arrachent aux incorrigibles dubitatifs dans une conversion enfiévrée dont la parousie n’est point repoussée mais palpable dans la plénitude des sens et des émotions. Le céleste ne sautait être religieux, il est musical.

 

 

 

 

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8 février 2010

Rokia Traoré

Rokia Traoré

Une artiste malienne au parcours métissé (j’exècre l’abus de ce terme, il est justifié ici), qui crée une musique épurée, tour à tour triste et joyeuse, toujours rythmée, et qui s’accorde parfaitement à sa voix forte et puissante. Des instruments entre musique traditionnelle malienne et influences occidentales, je ne sais qu’en dire si ce n’est qu’elle est envoutante et je me laisse envouter.

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